Saint-Étienne
vendredi 5 juillet 2024
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Saint-Victor-sur-Loire : ils veulent faire passer un sacré cap à la base nautique

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Avec le soutien de la municipalité stéphanoise, en attendant – peut-être – celui d’autres collectivités, l’association Club nautique de Saint-Etienne (CNSE) lance, dès cette année, un projet de développement majeur à la base nautique de Saint-Victor-sur-Loire. Considérant le potentiel touristique de cet « exceptionnel » écrin sous exploité, il s’agit de développer les activités nautiques existantes mais pas seulement. Objectif : plus que tripler la fréquentation !   

En attendant une appellation plus parlante et marketing, le projet est actuellement nommé « Centre de Tourisme Sportif de Pleine Nature ». ©If Média/Xavier Alix

Le projet a été présenté il y a une semaine. C’était, sur place, via une conférence de presse commune à la Ville de Saint-Etienne et l’association Club nautique de Saint-Etienne (CNSE). Le souvenir de la quiétude printanière, en pleine semaine, de la base de Saint-Victor-sur-Loire a de quoi contraster avec l’ambiance du conseil municipal de lundi dont le bouquet final fut occupé par des longs et hostiles échanges – on a toutefois connu moult séances plus tendues – autour du rapport de la CRC sur la communication « municipalo-métropolitaine » stéphanoise. Mais le projet du CNSE, bien qu’à sa seule initiative était aussi au programme hier après-midi.

Et pour cause : deux délibérations ont été soumises au vote dont l’objectif commun était de soutenir les ambitions du club, cité comme « l’unique structure nautique de Saint-Étienne Métropole ». Sa présence à la base nautique de Saint-Etienne est historique et a donné lieu à plus d’une carrière sportive de haut vol. Il s’agissait donc d’accorder une garantie d’emprunts pour un total de 625 000 €, soit 50 % du 1,25 M€ contracté en trois prêts par le CNSE auprès de la Caisse d’épargne Loire Drôme Ardèche principalement mais aussi France active (100 000 €). La seconde délibération concernait une recette pour la municipalité : la vente à l’association, toujours pour mener à bien son projet, de deux bâtiments de la base appartenant à la mairie pour un total, « conforme à l’estimation des Domaines » de 500 000 € HT. L’un de 443 m2 – et avec son hangar à bateaux et quelques lopins de terre au bord de l’eau – était déjà occupé depuis longtemps par l’acquéreur.   

La fin de l’école de voile municipale a joué

Quant au second, il s’agit des ex locaux de la feue école municipale de voile et son terrain d’assiette. Ce qui ramène à cette polémique, dont les remous se ressentent encore, autour de la suppression de cette école, officialisée début 2023. Mesure parmi d’autres, d’économie décidée par la municipalité pour faire face à l’inflation, en particulier l’explosion des charges énergétiques de ses bâtiments (sans tout résoudre pour autant puisqu’en 2024, le choix a été prioritairement de relever la fiscalité). Il y a une semaine, le maire Gaël Perdriau rappelait que « l’activité avait beau être systématiquement proposée aux écoles de Saint-Etienne », elle n’était que très peu sollicitée dans les faits. La complexité de l’exigence légale en encadrement (pour ce qui est du ratio élèves/adultes) relevant des seuls enseignants et éventuels accompagnateurs, alliée au coût en temps de déplacement ne devaient cependant pas aider.

Xavier Devillard, président du CNSE devant le bâtiment déjà occupé par son association. ©If Média/Xavier Alix

Pour autant, la suppression de l’école municipale n’a pas entraîné la fin de cette possibilité pour les écoliers stéphanois. La « flotte » de la Ville a été cédée au CNSE ainsi que l’usage (jusqu’à la vente) des locaux en échange de la reprise de cette prise en charge des élèves stéphanois, le club étant rodé à ce type de public : « Les scolaires de tous âges, ajoutés aux enfants et jeunes reçus via des centres sociaux, de loisirs représentent déjà 70 % de notre fréquentation à l’année », remarque Xavier Devillard, son président. De quoi faire dire à Gaël Perdriau qu’il y a eu, à ses yeux, beaucoup de bruit pour rien à propos de cette fermeture. Lundi, à l’occasion du conseil municipal, l’élu d’opposition écologiste Gérard Collombet ne l’entendait pas de cette oreille : « Vous nous demandez d’accepter de nous porter garant d’un emprunt pour l’achat de locaux municipaux sur un projet dont nous ne connaissons ni les tenants ni les aboutissants. La seule information que nous avons est que le projet porte sur la création d’un club house haut de gamme. »

Dans les tuyaux depuis des années

L’élu n’en démord pas : « Nous n’avons même pas l’ombre d’un business plan. Vous nous demandez de signer un chèque en blanc pour une activité qui ne servira pas l’intérêt général. En effet, un club house haut de gamme sera sélectif et donc pas ouvert au plus grand nombre de pratiquants comme c’était le cas du club municipal. De plus, avec les problèmes d’eutrophisation (lire encadré ci-dessous) que connaît malheureusement trop souvent le barrage et la présence régulière de véhicules à moteur, il n’est pas certain, actuellement, que Saint-Victor soit le lieu rêvé pour pratiquer la voile régulièrement. Ce qui nous inquiète sur l’équilibre financier du projet. » Les deux délibérations ont en tout cas été adoptées par le conseil – moins les abstentions écologistes et communistes mais pas celle de Saint-Etienne Demain –, l’adjointe aux finances Nora Berroukeche arguant du sérieux du montage économique suivi par France active. Et le maire assurant du maintien des tarifs actuels, de la « qualité » d’un projet, y compris environnemental, multi-sport, soutenu par les fédérations de voile, d’escalade, de tennis et de cyclisme.

La majorité a cependant renvoyé l’essentiel des explications au traitement médiatique d’un projet qui n’est pas le sien. Voici le nôtre. Il ne s’agit effectivement pas, à l’écoute de le présentation CNSE de créer un club house « haut de gamme » qui serait destiné à l’entre soi d’une élite sportive et/ou financière des amateurs de voile et autres pratiquants d’engins nautiques dernier cri. La création d’un véritable bar/restaurant dans ses locaux actuels est un élément annexe du projet d’ensemble et vise à assurer une offre d’hospitalité cohérente avec le reste sans que short blanc, polo Lacoste et pull coloré sur les épaules n’y soient de rigueur. Convaincus de l’immense potentiel inexploité de l’écrin, qualifié de « féérique » par Gaël Perdriau, qu’est le plan d’eau de Saint-Victor, Xavier Devillard et les dirigeants du CNSE l’ont en tête depuis des années, tirant depuis longtemps la municipalité par la manche pour obtenir un soutien public à leurs ambitions.

Objectif 2027 pour l’ensemble

Les circonstances, c’est-à-dire la suppression de l’école de voile municipale, ont donc probablement permis de faire mouche. « Moi, je suis né ici, devant ce décor. Comme beaucoup de locaux ou même d’habitants de cette agglo, on n’en oublie à quel point la beauté des lieux laisse les gens qui la découvrent sans voix, souligne Xavier Devillard. On peut aller beaucoup plus loin dans leur fréquentation touristique sans pour autant dégrader la qualité du site, à travers un véritable projet multi-sport permettant de passer d’une discipline à l’autre juste à côté, au pire, à quelques centaines de mètres de distance. Car en fait, tout est déjà là. » Une base qu’il convient toutefois d’améliorer, moderniser et amplifier, appuie le CNSE. L’ensemble de son projet exige donc 2,2 M€ d’investissements et ne sera pas complètement abouti avant l’ouverture de la saison 2027. Il vise à créer un centre tourisme multi-sport pleine nature de premier plan – alors qu’au niveau nautique la base l’est déjà – sans équivalent en Auvergne-Rhône-Alpes.

On peut aller beaucoup plus loin dans leur fréquentation touristique sans pour autant dégrader la qualité du site.

Xavier Devillard, président du CNSE

D’autant plus pertinent selon ses défenseurs qu’il correspond aux tendances de la demande touristique actuelle. Saint-Etienne Métropole, le Département, la Région, l’Etat – « nous cochons toutes les cas pour obtenir un soutien de l’ANS (Agence nationale du sport Ndlr) » -, voire l’UE, ont été ou vont être sollicités pour un coup de pouce aussi. Le projet est en réalité déjà lancé avec une flotte renforcée donc (pédalos, kayaks, catamarans et autres bateaux) et des activités nautiques prenant dès cette saison 2024 de l’ampleur. « Dans les années 80/90, tout le monde faisait de la planche à voile, c’est passé désormais. Et il y a régulièrement de nouveaux engins qui ont la cote. Alors, on sera bien sûr à la page là-dessus et de plus en plus. Sur les wings foil par exemple », explique Xavier Devillard. Côté ressources humaines, « dès maintenant, nous avons la capacité financière pour étoffer nos équipes. Nous comptons un salarié permanent, il y en aura un second à terme, le premier devenant dirigeant de l’équipe. »

Des séjours d’une semaine clé en main

Les saisonniers, engagés sur 6 mois, seront plus nombreux. Et dès cette année, « nous en ajoutons deux, ce qui donne, pour cette saison, 4,5 équivalents temps plein. A terme, leur nombre augmentera aussi. » Ils ne seront pas de trop pour encadrer la forte densification ambitionnée des activités sur place. Outre ce qui va sur l’eau, il s’agit, en effet, de créer trois terrains de padel – discipline très en vogue aussi – du côté des tennis existants et de proposer de nombreux parcours VTT au départ de l’ex-école municipale avec la possibilité des locations, y compris de vélos électriques, pour mieux profiter des 400 km de pistes balisées cumulés dans les environs. Des activités pouvant se pratiquer dans une certaine mesure l’hiver aussi, estime Xavier Devillard. Enfin, alors qu’une « via cordata » accessible par embarcation, existe déjà de l’autre côté du plan d’eau, un mur d’escalade tout aussi existant, mais sur la base va être repris, remis aux normes et modernisé.

Le bâtiment historique du CNSE sur la base de Saint-Victor-sur-Loire sera étendu avec une extension de sa terrasse et des hangars. Ici, une projection architecturale transmise par l’association.

Les fédérations sportives concernées ont suivi ces projets qu’elles verraient toutes d’un bon œil et, quand nécessaire, apporté leurs expertises pour mieux assurer la faisabilité, là où les membres du club – il compte 320 adhérents – se sentent davantage marins d’eau douce que spécialistes. Le remaniement du bâti sera la dernière pièce au puzzle à placer – procédures administratives obligent – avec un objectif architectural fixé à fin 2026. L’ensemble du bâti, étendu, doit passer de 700 à 900 m2 avec la création d’un nouveau hangar et donc du club house dans le bâtiment actuel du club. Qu’il s’agisse du bâti ou des activités, le maximum possible sera fait pour l’accessibilité PMR, n’oublie pas le club, qui se dit rodé sur le sujet depuis 1991. Bref, c’est un cap historique que doit faire passer à la base le CNSE d’ici 2027, évoquant même la création de séjours clé en main, à la semaine, proposant activités et encadrement, restauration et logement en coopération avec le SMAGL pas mécontent, paraît-il, de la perspective de valoriser ses logements de charme des Echandes comptant une centaine de lits en amont.

100 000 personnes visées à terme

Cela à prix annoncé comme compétitif. « On sera très en dessous des 900 / 1 000 € la semaine qui se pratique en France pour l’équivalent, la beauté des Gorges de la Loire en moins », annonce Xavier Devillard. En termes quantitatif, le CNSE espère atteindre avant 2030, une fréquentation de ses activités par environ 100 000 personnes contre 32 000 actuellement tout en inversant la proportion actuelle entre grand public (30 %) et celui scolaires/centres sociaux et de loisirs. « Nous sommes optimistes aussi parce que nous faisons déjà largement le plein. La demande est là, elle s’amplifie chaque année, assure Xavier Devillard. Même pendant la période Covid 2020 et 2021 on est resté à 30 000. Le coût restera le même pour le public scolaire et de loisirs : en moyenne 8 € par activité pratiquée par enfant. » Et les ambitions ne s’arrêtent pas là : pour fêter l’aboutissement du projet en 2027, le CNSE envisage l’organisation d’une compétition maritime de haut niveau mettant en lice, ni plus ni moins, que des sportifs habitués du niveau de la Coupe America !  

Quel impact sur l’environnement ?

Négligeable, à en croire, là encore, Xavier Devillard. « Déjà, avec cette configuration – plus d’activités, de possibilités horaires, d’encadrants -, la fréquentation, en hausse, s’étale en revanche mieux dans le temps. L’idée n’est pas de faire venir les gens ici massivement, tous au même moment, avec leurs voitures. Mais qu’ils viennent depuis l’agglo avec des transports en commun. C’est déjà le cas et ce sera encore le cas avec les groupes des jeunes. Les vacanciers venant à la semaine se rendront chaque jour à la base, depuis leur logement, dans le cadre de l’offre, en bateau électrique pas en véhicule à moteur. Les pistes VTT, elles, servent déjà ça et sont balisées. » On n’est donc déjà pas censé en sortir pour piétiner la biodiversité des Gorges. Voilà pour la nature. Et pour l’humain, protégé chaque été du tenace phénomène des cyanobactéries qui touche le site via des arrêts municipaux et préfectoraux ?

Les cyanobactéries peuvent-elles couler l’idée ?

Les premiers, grand classique estival de Saint-Victor et de toute l’eau de Grangent, interdisent régulièrement la baignade. L’an passé, les seconds ont pour la première fois interdit les activités nautiques, navigation comprise dans un premier temps… « C’est vrai, une précaution prise en raison d’un phénomène brusque et particulièrement intense en 2023, rappelle Xavier Devillard. La décision était logique mais le préfet et ses services sont très à l’écoute des experts et ont bien saisi que ce n’est pas un souci réel pour nos activités. Si un contexte aussi défavorable devait se reproduire (à l’heure actuelle, les conditions semblent beaucoup plus favorables, Ndlr), les décisions de protection ne devraient pas aller jusque-là car elles n’ont pas lieu d’être. Le risque par rapport à nos activités est 90 fois inférieur à celui de la baignade dont le seuil, déterminé pour un enfant de 6 ans, est lui-même généralisé à tous. »  

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