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Juteux marchés et nouvelle usine : le développement énergique de Nidec ASI

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La montée en puissance de ses marchés – en France et plus encore à l’international – liés aux sites de productions électriques renouvelables amène la filiale ligérienne du groupe japonais Nidec à se sentir plus que jamais à l’étroit sur son site de Roche-la-Molière. D’où une extension-déménagement qui doit encore conduire au recrutement de 115 personnes ! Direction La Fouillouse d’ici fin 2025. Un investissement de 17 M€.

Visuel de la future usine à La Fouillouse : 8 000 m2 sur 3 ha conçus par M2C Chantiers. Photo transmise par Nidec

Le changement de nom n’est pas anodin. Fin mai, « Nidec Industrial Solution », branche du géant japonais Nidec Corporation, spécialiste des moteurs électriques (plus de 120 000 salariés dans le monde), s’est officiellement muée en « Nidec Conversion ». Il s’agit d’une « plateforme commerciale », telle que la décrit le groupe, chapeautant et associant les produits et services de différents sites industriels et entités à l’activité proche. « Nidec Conversion » recouvre ainsi Avtron Industrial Automation, Nidec Industrial Automation Motortecnica et, enfin Nidec ASI, dont le site de production se situe en France, à Roche-la-Molière. Un changement de nom qui vise à marquer l’évolution croissante de cette branche d’activité autour des solutions conversion d’énergie électrique à partir des technologies qu’elle conçoit et fournit.

Le groupe s’en dit « leader mondial » dans un contexte très porteur de « demande croissante en énergie durable au service du marché de la mobilité et de l’environnement ». Et c’est tout à fait ce qui porte, aussi, l’évolution du ligérien Nidec ASI, créé par le groupe japonais en 2012 à la suite du rachat d’Ansaldo Sistemi Industriali Spa transformation. Une ex-entreprise nationale italienne elle-même passée dans des mains américaines à partir de 2000. Cela, 7 ans après avoir acquis la future entité rouchonne de Nidec, fondée en 1967 sous le nom de Loire Automation. Dans la Loire, Nidec emploie, de nos jours, 220 personnes, travaillant principalement dans ses locaux historiques de Roche-la-Molière. Des équipes évoluent en effet aussi dans des ateliers annexes loués jusqu’à Saint-Etienne en raison du fort accroissement de l’activité et donc du recrutement ces dernières années. Forcément, le manège logistique que cela entraîne s’avère peu évident. Problématique toujours plus ardue avec les nouveaux marchés signés et les perspectives qui se présentent.  

Un chiffre d’affaires qui a triplé en 3 ans

« Les systèmes technologiques que nous proposons consistent à lisser l’insertion sur le réseau de l’électricité stockée en batteries et issue des sites majeurs produisant du renouvelable, comme les grandes centrales photovoltaïques, ou champs d’éoliennes, vulgarise pour nous Franck Girard, président de Nidec ASI depuis 2000. Leur problématique vient, par exemple, d’une production dont la puissance n’est pas la même vis-à-vis de celle du réseau dans lequel elle s’insère. Du fait, aussi, que le renouvelable est caractérisé par de grandes variabilité de volumes de production puisque ceux-ci dépendent des conditions météo. Notre technologie remédie à tout cela. Nous vendons des projets, des systèmes qui permettent de mieux absorber et de mieux s’insérer, soit une meilleure capacité à « relâcher » – y compris d’ailleurs aussi pour la production conventionnelle – l’électricité stockée depuis ces centres sur le réseau, en fonction des besoins. »  

Entre 2012 et 2022, la taille des projets pour lesquels nous postulons partout dans le monde a été multipliée par dix. 

Franck Girard, président de Nidec ASI

La promesse d’une maîtrise accrue qui permet d’intégrer à une logique globale très centralisée, une seconde, décentralisée, et connectée aux réalités du « renouvelable », secteur qui s’est considérablement développé dans le monde ces 15 dernières années. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le CA de Nidec ASI se réalise à plus de 80 % à l’export. L’activité autour du stockage d’énergie occupe la même proportion d’ailleurs dans ce CA qui aura atteint 270 M€ en 2023/04, volume plus que triplé par rapport à 2021/22 (84,1 M€ ; 192 M€ en 2022/23). Gros coup de jus à la sortie du Covid donc même si « pour nous, sur ce créneau, il y a eu un avant et après 2012, l’année de l’acquisition par Nidec et qui coïncide avec la mise en place par l’Etat français de grands projets dans les zones non interconnectées (ZNI). Ces territoires (la Corse en partie, les départements, régions et autres collectivités d’outre-mer, Ndlr) qui ne sont pas connectés au réseau d’électricité continental. Entre 2012 et 2022, la taille des projets pour lesquels nous postulons partout dans le monde a été multipliée par dix. »

Un investissement à 17 M€

Outre l’émergence de l’alimentation d’électrolyseurs pour la production d’hydrogène, encore négligeable en termes de chiffre d’affaires (mais peut-être pas en termes d’avenir), les 20 % d’activités restantes sont consacrées, pour une partie (5 %) à des solutions de recharge électrique pour la mobilité électrique de grande ampleur, les navires de croisière ayant effectué leur transition notamment (les ports de Marseille et du Havre sont par exemple en train de s’équiper), et nécessitant la une capacité de charges très forte. Nide déploie ainsi sa technologie dite shore-to-ship. Enfin, 15 % du chiffre découle encore du métier d’origine de la société, quand elle se nommait Loire Automation, portant sur des systèmes destinés à optimiser l’énergie utilisée par les process industriels. Le fort développement des dernières années avait déjà rendu trop étroits les 2 000 m2 historiques de la rue Marc-Seguin poussant à y adjoindre, donc, la location de plusieurs bâtiments pour y installer des ateliers secondaires, jusqu’à Saint-Etienne.

Visuel de la future usine à La Fouillouse conçue par M2C Chantiers. Photo transmise par Nidec

Mais « avec notre nouvelle usine à la Fouillouse, nous allons pouvoir tout regrouper et aussi agrandir nos capacités de production puisque nous totaliserons 8 000 m2 sur un terrain de 3 ha. Ce qui nous laisse, aussi, de la marge pour se développer », précise Franck Girard. L’investissement s’élève à 17 M€, en comptant les équipements neufs. Il s’accompagne d’un recrutement massif et progressif de 130 personnes alors que la société en a déjà recruté plusieurs dizaines ces dernières années. Il reste à ce stade encore pas moins de 115 postes à pourvoir, essentiellement à la production : câbleurs, ingénieurs, électrotechniciens, chefs de projet… Néanmoins, la R&D (le site ligérien est d’ailleurs pilote vis-à-vis d’implantations de Nidec à l’activité analogue aux Etats-Unis, en Chine ou encore en Inde), elle aussi, va s’étoffer passant de 7 à une vingtaine de personnes. Les travaux sont réalisés en deux tranches avec une livraison prévue fin 2025 pour la première, fin 2026 pour la seconde.

Habituée aux clients de renom, de grands opérateurs comme Engie, Total, EDF ou encore ENEL (l’équivalent d’EDF pour l’Italie), Nidec ASI avait décroché en 2023 un marché très conséquent (à 50 M€) pour équiper le parc photovoltaïque alimentant le fonctionnement d’une mine d’or de DRDGOLD en Afrique du Sud. Contrat qui s’était avéré décisif dans les choix d’investissement. Il a été conforté, dans la foulée, par deux nouveaux marchés monstres, tous les deux obtenus auprès de Neoen, qui se définit comme « le premier producteur français indépendant d’énergies renouvelables », en Finlande et Suède. Ils totalisent en effet à eux deux pas moins de 64 M€ d’installations en cours de livraison de systèmes de stockage d’énergie par batterie. Nidec vise ainsi un chiffre d’affaires de 400 M€ pour 2026.

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