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samedi 6 juillet 2024
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Pourquoi le Musée d’Art moderne ne rouvrira finalement qu’en novembre

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A la suite d’une visite de chantier en février dernier, Saint-Etienne Métropole avait déjà annoncé une réouverture « pour cet automne » de son Musée d’Art moderne et contemporain, fermé au public depuis le 11 avril 2023. La date exacte est désormais connue : ce sera le 9 novembre prochain. Cette opération de réaménagement sans précédent – d’abord dictée par des exigences normatives, d’entretien, de conservation – devait à l’origine durer d’avril 2023 à mai 2024. Le financement nécessaire est, au passage, passé de 3 à 5 M€. Le « MAMC+ » nous a donné les explications.

En 2022, la fréquentation n’avait pas encore atteint mais s’était rapprochée de celle d’avant Covid, soit autour de 50 000 visiteurs contre 62 235 en 2019 mais 29 206 en 2021. ©Charlotte Piérot / MAMC+/ Saint-Étienne Métropole

Dans un communiqué publié hier, le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Etienne Métropole – « MAMC+ » – annonce qu’il rouvrira le 9 novembre après un an et demi de fermeture. Un « demi de trop » par rapport aux annonces de janvier 2023 sur un programme majeur de travaux de réhabilitation du bâtiment inauguré en décembre 1987 et hélas, incompatibles avec l’accueil du public. Programme lancé le 11 avril 2023 et qui devait être à l’origine achevé dès ce printemps 2024 pour un retour du public en mai. En attendant, la structure avait d’ailleurs mis en place une programmation spéciale hors les murs.

 « Pendant 35 ans, les centrales de traitement d’air du bâtiment ont maintenu le climat assurant la bonne conservation des œuvres. Pendant 35 ans, les murs et cimaises ont été peints, percés, colmatés, repeints des centaines de fois pour présenter au public près de 400 expositions. Pendant 35 ans, plus de 2 millions de visiteurs ont arpenté les 3 000 m² de salles d’expositions. Première étape de l’avenir ambitieux du MAMC+, les sols, les cimaises et les centrales climatiques du bâtiment signé Didier Guichard, doivent aujourd’hui être réhabilités ou remplacés », avait exposé il y a 18 mois le second musée d’Art Moderne de France de par l’ampleur de ses collections : 23 000 œuvres. Sans oublier, bien sûr, celles ne faisant que passer via des expositions temporaires (300 à 400 œuvres par an) qui, selon les canons de cet univers-là pour exister, prennent le pas vis-à-vis des collections permanentes. A moins d’exposition spécifique, faute d’espaces suffisants, seulement une petite fraction tournante est visible. Aussi prestigieuses qu’elles soient.

Un réaménagement majeur avant une extension ?

En attendant, en tout cas, de disposer éventuellement d’ici plusieurs années de davantage d’espaces pour elles. Cela via un projet, encore dans les cartons, de travaux d’extension très coûteux : autour de 35 M€ ! Extension présentée comme indispensable, indépendamment de sa seule volonté, par l’exécutif métropolitain en janvier 2023 vis-à-vis des exigences qu’impose un tel musée et sa labellisation nationale (donc, celles de l’Etat). Le montant de 170 à 200 M€ induit par ce même projet d’agrandissement ne serait valable, avait-il précisé, que dans le cadre d’un scénario infiniment plus ambitieux, pris, en grande partie en charge par l’Etat, dans le cadre d’un appel national sur des grands investissements culturels. Sans même parler du contexte actuel, ce scénario a de fortes chances de rester à jamais fictif au regard de l’état des finances publiques. Les travaux lancés en avril 2023 donc, ne répondaient qu’au plus urgent vis-à-vis, entre autres mais particulièrement, d’exigences normatives soumises à une inflation ne datant, elle, pas de 2022.   

Reste que pour la première fois depuis son inauguration le 10 décembre 1987, « l’emblématique bâtiment conçu par l’architecte stéphanois Didier Guichard (1936-2002) bénéficie d’une rénovation complète de ses salles d’exposition, se réjouit le MAMC+. Les travaux effectués ont permis le remplacement de quatre centrales de traitement d’air contrôlant le climat dans les salles d’exposition et la grande réserve, le renouvellement du revêtement de sol, la démolition et le remontage de l’ensemble des cimaises des salles d’exposition et enfin, de rendre aux salles leur éclairage zénithal dessiné par Guichard, magnifiant ainsi par la lumière l’exceptionnel volume des salles centrales hautes de plus de 8 m. Cette réalisation répond à des enjeux de conservation des œuvres, des enjeux environnementaux (baisse des consommations énergétiques par le remplacement de matériels), des enjeux d’accessibilité, de sécurité au travail. »

Mauvaises surprises durant le chantier

Les nouveaux espaces ont été conçus de manière amovible, ajoute Aurélie Voltz, la directrice des lieux : « La scénographie pourra ainsi évoluer d’une exposition à une autre de manière vertueuse, en augmentant la part de réemploi. L’expérience du musée évolue également avec son temps, c’est pourquoi nous rouvrirons en novembre avec un nouveau parcours de visite qui permettra de se déplacer plus facilement dans les espaces d’exposition, apportant plus de fluidité et de continuité dans la découverte des œuvres. » Mais pourquoi a-t-il fallu 6 mois de plus que prévu et 2 M€ supplémentaires pour ce réaménagement d’ampleur ? Le financement des travaux, soutenu par l’Etat à hauteur d’une subvention inchangée de 632 000 €, est en effet passé de 3 à 5 M€ ? Péripéties, somme toute assez classiques dans le bâtiment, mais qui toutefois, ici, représentent une très grosse rallonge par rapport aux plans initiaux.

Nous rouvrirons en novembre avec un nouveau parcours de visite qui permettra de se déplacer plus facilement dans les espaces d’exposition.

Contacté par If, le MAMC+ a pu rapidement donner des explications : « Le premier diagnostic amiante du sol n’était pas complet en raison de la présence du public jusqu’à la veille des travaux. Le second a révélé de manière inattendue une présence plus profonde d’amiante amenant à faire bien plus que le ponçage prévu au début : c’est-à-dire un grignotage sur plusieurs centimètres de profondeur. Derrière c’est toute la chape qui a dû être refaite. » Autres soucis et découvertes inattendus : le démontage des cimaises, parois murales par-dessus la structure béton, a révélé deux piliers fissurés et des parois béton s’étant écartés. Autant de complications et de nouveaux marchés ayant justifié cette inflation temporelle et financière, explique le musée. En janvier 2023, Marc Chassaubéné, vice-président à la Culture de Métropole rappelait que la programmation obligatoirement très en amont d’un tel musée obligeait à être dans les temps. Cela n’a pas été le cas donc mais au moins une partie des expositions prévues auront bien lieu. Une solution a été trouvée pour décaler « Brand New! » qui aurait dû être décrochée en janvier 2025 et ne le sera du coup que début mars 2025.

Un week-end spécial réouverture

Tout comme trois autres – « Nuits » (Anne Bourse, jusqu’au 16 mars) « « Our son, my moon » » (David Meskhi, jusqu’au 16 mars), « Hors Format » (elle jusqu’en août 2025) -, elle sera lancée à la réouverture le 9 novembre. A noter que du 9 au 11 novembre afin de marquer ce retour, l’entrée au musée (et donc aux quatre expositions citées) mais aussi des performances, spectacles et visites commentées spécialement dédiées seront proposées au public, gratuitement, sans réservations. Le vendredi soir, à l’occasion d’un vernissage festif, « le public pourra découvrir les quatre expositions de réouverture en avant-première et danser sur une programmation musicale signée Positive Education, le festival de musiques électroniques stéphanois dont la prochaine édition se tiendra du 14 au 16 novembre 2024 », précise le musée. Samedi soir : scène ouverte avec une fermeture exceptionnelle à 22 h. Enfin le restaurant du musée, dans sa nouvelle enveloppe et « sous un nouveau format Pop-up », sera ouvert tout au long du week-end avec une offre renouvelée proposée au public par Baptiste Berger, chef du restaurant Grabuge.

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